Carnet de notes sur les maltraitances infantiles, 2(2), 27-50
Quoique la résilience ait été scientifiquement étudiée sous différents angles, son activation, via un accompagnement significatif réalisé par un professionnel, suscite un intérêt particulier notamment dans la recherche de stratégies innovantes d’intervention spécifiquement auprès des enfants exposés à la maltraitance. À travers la lentille des savoirs pratiques de cinquante travailleurs sociaux des services de protection de l’enfance de l’Ontario, cette étude a documenté précisément l’activation du processus de résilience d’enfants ayant été confrontés à des situations de maltraitance, et réputés avoir mobilisé leur plein potentiel de résilience, du point de vue des participants. La posture interdisciplinaire adoptée ici, entraîne une ouverture sur plusieurs champs d’investigation, ainsi qu’une mise en conjonction des savoirs disciplinaires divers mobilisant des données empiriques et des matériaux théoriques. Les avancées des neurosciences par exemple, permettent de mieux saisir ce qui s’observe empiriquement. Notre analyse des récits de pratique révèle que le mécanisme par lequel s’active le processus de résilience se met véritablement en branle lorsque l’enfant, lui-même, mais à la faveur du contact avec un tuteur de résilience, parvient à saisir le présent, à vaincre sa peur, à s’approprier son sentiment d’existence, à trouver sa place au sein de la société. Cette posture de l’enfant découle d’interventions qui mettent l’accent sur l’encadrement, le soutien, l’aide et les ressources nécessaires, conditions sine qua non pour que s’active la résilience. Nous innovons donc. Nous proposons à travers cette étude, le concept de résilience activée, que nous définissons comme suit : Le fait pour un individu, avec l’aide d’un tuteur de résilience, de parvenir à saisir le présent, à vaincre sa peur, à s’approprier son sentiment d’existence et, à trouver sa place au sein de la société.