Journal of Public Health Dentistry, Volume 68, Issue 2, pp. 94-101
Les mauvais traitements envers les enfants et la carie de la petite enfance présentent des caractéristiques communes : taux de prévalence élevé, facteurs de risque communs, conséquences à long terme. Cette étude rétrospective visait à déterminer la prévalence de la carie de la petite enfance au sein d'une population déterminée d'enfants victimes de violence et de négligence à Toronto, en Ontario. L'échantillon était constitué de 66 enfants d'âge préscolaire placés sous les soins de la Children's Aid Society of Toronto(CAST), et qui ont été adressés à des services d'évaluation dentaire entre 1991 et 2004. Ont servi de groupe de référence 3 185 enfants d'âge scolaire tirés de la population générale de Toronto, et dont les données avaient été recueillies par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Les données des dossiers dentaires et de ceux établis par les travailleurs sociaux ont été examinées.
Les résultats révèlent qu'environ 58 % de l'échantillon d'enfants victimes de violence ou de négligence avaient des caries en bas âge, comparativement à seulement 30 % chez ceux du groupe de référence. La proportion d'enfants dont les caries n'étaient pas traitées était de 57 % chez les victimes de négligence (n = 53) et de 62 % chez les victimes de violence physique ou d'agression sexuelle (n = 13). Les régressions logistiques, par rapport à l'âge, au sexe et aux types d'abus, révèlent que les enfants plus d'une fois placés sous la tutelle de la Couronne ou sous les soins de la Children's Aid Society of Toronto étaient beaucoup moins susceptibles d'avoir des caries.
Ces résultats indiquent que le taux de carie dentaire est plus élevé chez les enfants victimes de violence ou de négligence et confiés à la CAST que dans la population générale d'enfants de 5 ans, à Toronto. L'étude révèle par ailleurs que les services de la CAST ont pour effet de protéger la santé buccale des enfants, fait illustré par la probabilité plus faible de caries chez les enfants plus d'une fois placés sous la tutelle de la Couronne ou sous les soins de la Children's Aid Society of Toronto. Les résultats de l'étude démontrent la nécessité pour les services de protection de l'enfance de vérifier la possibilité de négligence dentaire chez les enfants victimes de violence physique ou sexuelle ou de négligence, et celle de promouvoir le traitement dentaire et la santé buccale au sein de cette population. Facteurs limitant la portée de l'étude : la nature rétrospective de l'étude, la faible portée statistique vu la petitesse de l'échantillon d'enfants de la CAST ainsi que la mesure incomplète des facteurs sociodémographiques (plus précisément, le statut socioéconomique).