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Découverte de lacunes dans les connaissances : risques de violence conjugale et facteurs de protection chez les jeunes après leur placement

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Date Reviewed
Revu par
Natalie R. Beltrano
Citation

Katz, C. C., Courtney, M. E., & Sapiro, B. (2020). Emancipated foster youth and intimate partner violence: An exploration of risk and protective factors. Journal of Interpersonal Violence, 35(23-24), 5469-5499. DOI: 10.1177/0886260517720735 

Résumé

En se basant sur l’ensemble des données longitudinales de la « Midwest Evaluation of the Adult Functioning of Former Foster Youth », Katz et al. (2020) ont effectué une analyse des données secondaires pour évaluer les facteurs de risque de violence conjugale (VC) et de protection chez les jeunes qui quittent leur foyer d’accueil dans le Midwest des États-Unis. Les données ont été recueillies lors de cinq phases : lorsque les jeunes ont eu 17, 19, 21, 23 et 25 ans. Pour évaluer la présence de la VC, une version abrégée de l’échelle Conflict Tactics Scale (Straus et al., 1996) a été utilisée. Cette version couvre les expériences de VC physique et sexuelle. Les variables indépendantes suivantes ont été incluses dans l’analyse des données : la race, le sexe, la toxicomanie, la santé mentale, la maltraitance (négligence, maltraitance physique ou sexuelle, exposition à la VC) avant le placement, la maltraitance (négligence, maltraitance physique ou sexuelle) pendant le placement en famille d’accueil, et le nombre de placements en famille d’accueil ou en établissement pendant la période de prise en charge. Les jeunes placés en raison de problèmes de comportement n’ont pas été inclus dans l’échantillon global.

Les jeunes de cet échantillon ont plus souvent déclaré ne pas avoir de relation (34,7 % de l’échantillon) ou avoir des relations non violentes à l’âge de 23 et 24 ans (44,5 %). Environ 21 % des jeunes avaient une relation violente, la violence bidirectionnelle étant le type le plus souvent déclaré (11,4 % de l’échantillon). Dans l’ensemble, les hommes étaient plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de VC.

L’analyse multivariée indique que les jeunes dont les donneurs de soin étaient auteurs de VC et ceux qui ont été victimes de négligence pendant leur placement en famille d’accueil étaient plus susceptibles de faire preuve de VC bidirectionnelle. Étonnamment, les jeunes qui étaient proches d’au moins un parent biologique adulte étaient également plus susceptibles de déclarer recourir à la VC bidirectionnelle. Les chercheurs ont noté que l’anxiété était un facteur de risque de perpétration de VC, alors que le TSPT était un facteur de protection et réduisait la probabilité de recourir à la VC.

Selon les auteurs, il s’agit de la première étude longitudinale menée aux États-Unis pour examiner la relation entre le placement des jeunes en famille d’accueil et les risques de violence conjugale lorsqu’ils la quittent. L’étude a trouvé des lacunes dans les connaissances relatives à la VC et aux jeunes après leur placement, ainsi que des facteurs de risque comme la négligence ou la violence physique pendant le placement et les placements multiples, ce qui entraîne un risque de VC. Les préoccupations concernant les jeunes femmes qui font preuve de VC doivent être interprétées avec prudence parce qu’on ne sait pas si cela résulte d’actes d’autodéfense ou d’autres facteurs.

Notes méthodologiques

La taille initiale de l’échantillon était de 1100 jeunes qui ont été interrogés. Lors de la 5e phase de la collecte de données, la taille de l’échantillon avait été réduite à 600 jeunes. Comme l’ont fait remarquer les auteurs, la version abrégée de l’échelle CTS n’a été administrée qu’aux jeunes ayant déclaré qu’ils « sortaient ensemble » ou qu’ils entretenaient une « relation amoureuse ». Par conséquent, l’analyse des données peut avoir exclu les jeunes qui avaient des « relations exclusives ». L’interprétation des données a également été limitée par la répartition des jeunes de l’échantillon en 5 catégories (pas de relation, relation violente-victime, relation violente-auteur, relation violente bidirectionnelle, et relation non violente), ce qui a réduit l’analyse de la puissance de la taille de l’échantillon global. Les auteurs de l’étude ont trouvé que l’instabilité du placement était un facteur de risque pour les jeunes victimes de VC. Ce résultat était faible sur le plan statistique, et bien que l’instabilité du placement ne doive pas être écartée comme facteur de risque, une étude plus approfondie avec un échantillon plus grand est nécessaire.