Dans de nombreux pays industrialisés, des données récentes indiquent une diminution du taux de sévices sexuels envers les enfants. Des chercheurs se sont demandé si cette diminution était réelle ou si elle reflétait les changements entourant la façon d’aborder les sévices sexuels envers les enfants. La diminution pourrait refléter des taux de signalement inférieurs ou des changements dans la façon de dépister les cas, de mener une enquête ou de corroborer les signalements de la part des services de protection de l’enfance. Pour évaluer la situation en Irlande, McGee et ses collègues ont effectué des entrevues téléphoniques aléatoires en grappes à l’échelle nationale auprès d’adultes concernant leurs expériences de sévices sexuels et de violence.
L’étude montre que les sévices sexuels sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes (30 % des femmes et 24 % des hommes ont déclaré avoir vécu au moins une expérience de sévices sexuels pendant l’enfance). Lorsqu’on examine les cohortes (naissance en 1911-1929; 1930-1949; 1950-1969; 1970-1983), la prévalence de sévices sexuels pendant l’enfance semble inférieure chez les personnes les plus âgées (1911-1929) et chez les plus jeunes (1970-1983), et supérieure chez les générations intermédiaires (1930-1949 et 1950-1969). Les résultats liés aux violences sexuelles chez les adultes indiquent un schéma différent; pour les deux sexes, la prévalence des violences sexuelles semble être à la hausse pour toutes les cohortes, la cohorte la plus jeune (1970-1983) déclarant le taux le plus élevé de sévices. Si on compare le risque de violence sexuelle selon le sexe et l’âge (c.-à-d. enfance et âge adulte jusqu’à 30 ans), les femmes courent environ le même risque d’être victimes de violence dans les deux périodes d’âge. De plus, le risque des hommes pendant l’enfance était inférieur à celui des femmes et le risque de l’homme à l’âge adulte est trois fois inférieur à celui du risque du garçon pendant l’enfance.
Cette étude apporte des éléments importants pour l’analyse des taux de sévices sexuels envers les enfants, bien que la plus grande prudence soit recommandée. La possible diminution observée ne semble pas être un phénomène secondaire lié au signalement ou attribuable à des différences méthodologiques concernant la conceptualisation des sévices sexuels envers les enfants, puisque tous les participants ont eu à répondre aux mêmes questions au cours de la même période. De plus, les auteurs indiquent qu’il est peu probable que la diminution observée en lien avec les sévices sexuels envers les enfants soit attribuable à un sous signalement par les générations plus jeunes. En effet, comme ces générations ont déclaré des taux élevés de violence sexuelle à l’âge adulte, il est très improbable qu’elles aient sous-déclaré des sévices sexuels pendant l’enfance. Cependant, il demeure essentiel de reconnaître que les sévices généralisés subis par de nombreux adultes dans les établissements dirigés par l’État au milieu du 20e siècle ont eu des conséquences sur la prévalence des violences sexuelles signalées par les générations intermédiaires. En conséquence, le taux de sévices sexuels envers les enfants des générations plus jeunes est en effet inférieur, bien que cette diminution ne soit pas liée aux progrès des programmes de prévention ni à de plus grandes mesures sociales contre les sévices sexuels envers les enfants.
The data used in this study were gathered in 2001 through random digit dialling (response rate 71%). The final sample comprised 3,120 adults 18 years old and over. Participation was anonymous. Interviewers provided support resources if needed and a follow-up call was made to the participants to ensure their well-being a few days after the original interview.
Participants were asked about potential abusive experiences in a specific and explicit way. The interview included 12 childhood sexual abuse-related items and 10 for adult sexual violence. Participants responding ‘unsure’ were re-categorized as ‘no’.
One of the main limitations of this study is that it relies on retrospective self-report to calculate the rate of child sexual abuse and sexual violence; the results could therefore be attributed to either a change in prevalence rates or inter-generational variations in recall patterns. In addition, note that the risk for adult sexual violence for the younger generation had to be estimated, given that not all participants had reached 30 years old at the time of the study.