Les disparités raciales et ethniques relatives à la prise en charge par les services de protection de l’enfance sont bien documentées aux États-Unis. La présente étude a utilisé des données démographiques pour vérifier si les différences raciales et ethniques dans les signalements, la corroboration et le placement en famille d’accueil suivant la maltraitance pourraient s’expliquer par des variations dans la distribution des facteurs de risque et de protection individuels et familiaux.
Les registres de naissance de l’état civil des enfants nés en Californie en 2002 ont été liés aux dossiers longitudinaux des services de protection de l’enfance pour identifier les enfants qui avaient fait l’objet d’un signalement pour des allégations de maltraitance avant l’âge de cinq ans. Utilisant la race maternelle précisée dans les registres de naissances de l’état civil, l’étude a évalué les différences relatives à la prise en charge par les services de protection de l’enfance et la distribution des facteurs de risque et de protection des mères Noires, latino-américaines, latino-américaines nées à l’étranger et Blanches. Ces familles ont ensuite été stratifiées selon que la naissance était ou non couverte par l’assurance maladie publique, ce qui était considéré comme un indicateur du statut socioéconomique faible compte tenu des exigences de revenu pour être admissible. Ces groupes ont été comparés de façon descriptive pour l’ensemble des facteurs de risque et de protection (p. ex., le calendrier des soins prénataux, l’âge maternel à la naissance, la scolarité de la mère, que la paternité ait été établie ou non et le nombre d’enfants nés de la mère), et des modèles linéaires généralisés ont été spécifiés pour évaluer les différences (non ajustées et ajustées) dans les signalements, la corroboration et le placement en famille d’accueil par rapport à la race, à l’ethnicité et à l’origine maternelle.
Parmi les 531 035 enfants nés en Californie en 2002, on a observé des différences raciales et ethniques importantes et significatives dans les taux de prise en charge par les services de protection de l’enfance et dans la distribution des facteurs de risque et de protection. Dans l’ensemble, les disparités raciales/ethniques ont suivi la tendance attendue en raison des recherches antérieures. Les enfants Noirs et les enfants de mères latino-américaines étaient plus susceptibles, et les enfants de mères latino-américaines nées à l’étranger étaient moins susceptibles de faire l’objet d’un signalement, de voir le signalement corroboré et d’être placés en famille d’accueil que les enfants Blancs. Parmi les personnes couvertes par l’assurance maladie publique (43 % de l’ensemble de la cohorte de naissance), les différences relatives aux facteurs démographiques et sanitaires associés à la maltraitance étaient moins prononcées. Après avoir isolé ces facteurs, les enfants Noirs et latino-américains pauvres (indépendamment de l’origine) étaient moins susceptibles de faire l’objet d’un signalement, de voir le signalement corroboré et d’être placés en famille d’accueil que les enfants Blancs.
La principale force de cette étude réside dans le fait qu’elle repose à la fois sur des données populationnelles et longitudinales, ce qui lui confère une puissance statistique et un caractère généralisable. Ses limites reconnues sont : l’examen enfants nés en Californie seulement (par rapport à d’autres États); et que l’ensemble de données peut être faussé par l’inclusion d’enfants nés en Californie, mais résidant au Mexique (les mères sont des travailleuses migrantes). En plus des limites reconnues, le caractère généralisable de l’étude peut également être limité par un effet de cohorte, puisque les enfants ont tous la même année de naissance.
L’article fait allusion aux facteurs de risque, mais ne les situe pas directement sur une base macro/structurelle, il place plutôt les désavantages socioéconomiques aux niveaux familial et individuel. Les auteurs reconnaissent toutefois que des processus sociaux complexes sont en jeu lorsque l’on évalue le statut socioéconomique en tant que facteur de risque de maltraitance envers les enfants.