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Incidence de l’intervention ABC sur le vocabulaire réceptif d’enfants placés en famille d’accueil : résultats de suivi d’un essai clinique avec randomisation.

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Résumé

Les enfants qui ont des antécédents de maltraitance ou qui connaissent des difficultés attribuables à la maltraitance sont exposés à un risque élevé de retards cognitifs, sociaux et émotionnels. L’intervention en 10 séances Attachment and Biobehavioral Catch-up (ABC) a été conçue par l’une des auteures, Mary Dozier, qui souhaitait aider les parents à prodiguer des soins plus enveloppants dans un contexte de protection de l’enfance. Au moyen d’activités structurées et de rétroactions sur vidéo, les accompagnateurs aident les parents à mieux comprendre comment (1) se laisser guider par l’enfant, (2) entourer l’enfant de soins attentifs en réponse à sa détresse, et (3) éviter les réactions excessivement intrusives. L’efficacité de l’intervention ABC pour l’accroissement de l’attachement et l’amélioration des fonctions exécutives a été démontrée dans le cadre d’autres essais comparatifs avec randomisation. La présente étude pousse l’analyse plus loin en examinant l’incidence de l’intervention ABC sur l’acquisition du langage en bas âge, laquelle constitue un indicateur important de la maturité scolaire.

Cinquante-deux nourrissons placés en famille d’accueil ont été affectés de manière aléatoire à l’intervention ABC ou à l’intervention témoin, soit un programme de sensibilisation au développement pour les familles (SDF) qui ne ciblait pas la sensibilité parentale. Lors du suivi à deux ans, la moitié des enfants avaient été adoptés, 10 avaient été placés dans une famille d’accueil non apparentée, 8 dans la famille élargie, et 9 vivaient avec leurs parents biologiques. L’étude, qui reposait sur l’utilisation de l’Échelle de vocabulaire en images Peabody conçue pour l’évaluation du vocabulaire réceptif, a permis de conclure que les nourrissons du groupe « Intervention ABC » avaient obtenu des scores significativement plus élevés à l’âge de 36 mois que les nourrissons du groupe témoin. Les résultats de cette étude viennent confirmer qu’il est important d’offrir des interventions structurées, reposant sur des données probantes et ayant pour cible la sensibilité parentale à ceux qui prennent soin d’enfants victimes de mauvais traitements.

Notes méthodologiques

Il s’agit d’un essai clinique comparatif avec randomisation bien conçu et réalisé aux États-Unis par le groupe de recherche à l’origine de l’intervention ABC. Le recours à une intervention témoin permet de réduire au minimum le risque d’effet placebo et vient confirmer qu’il est important de cibler la sensibilité parentale dans cette population. Toutefois, le fait que cette étude ne porte que sur 22,5 % des enfants composant l’échantillon original – les autres (77,5 %) n’ayant pu participer au suivi à deux ans – constitue sa principale lacune. Les enfants ayant participé au suivi semblent constituer un groupe anormalement stable, la moitié ayant été adoptés et les deux tiers ayant bénéficié d’un placement stable à l’extérieur du foyer familial. Conséquemment, bien que très prometteurs, les résultats de cette étude ne peuvent être généralisés à tous les nourrissons placés en famille d’accueil.