Le soutien social positif peut avoir un effet tampon sur le stress, renforcer les styles de parentage et entraîner des résultats positifs chez les enfants (p. ex. MacKenzie, Kotch, et Lee, 2011). Les auteurs de la présente étude ont examiné le lien entre le soutien social dans l’environnement social des donneurs de soins et la sécurité, la permanence et le bien-être des enfants maltraités.
Ils ont utilisé les données des services de protection de l'enfance (SPE) portant sur une cohorte de familles dans le cadre de la première Enquête nationale sur le bien-être des enfants et des adolescents [National Survey of Child and Adolescent Well-being (NSCAW-I)]. Il s’agit d'une enquête longitudinale sur les familles ayant fait l’objet d’une enquête pour maltraitance envers les enfants, qui est représentative sur le plan national. Les chercheurs ont analysé un sous-échantillon de 4034 enfants (de la naissance à 15 ans; âge moyen = 7,02 ans) qui vivaient à la maison au temps 1 (c’est-à-dire 2 à 6 mois après l’enquête initiale des services de protection de l’enfance), parce qu’ils pensaient que le soutien social des donneurs de soins pouvait ne pas avoir eu beaucoup d’influence sur les enfants placés au temps 1. Ils ont analysé séparément les perceptions des donneurs de soins en ce qui a trait à leur satisfaction à l’égard du soutien social, le nombre de personnes offrant du soutien et les rapports des travailleurs sociaux concernant l’inadéquation du soutien social afin de prédire la sécurité, la permanence et les problèmes de comportement des enfants en tenant compte des caractéristiques démographiques (ex., l’âge, le sexe et la race de l’enfant, les symptômes dépressifs du donneur de soins, etc.).
Le NSCAW-I a utilisé un devis longitudinal : les données du temps 1 ont été recueillies 2 à 6 mois après l’enquête initiale par les services de protection de l’enfance; celles du temps 2 ont été recueillies 36 mois après la première enquête; celles du temps 3 ont été recueillies 59 à 97 mois après la première enquête. Les caractéristiques démographiques – les revenus de la famille, les symptômes dépressifs du donneur de soins, la race, l’âge, le sexe et l’état de santé général des enfants – ont été recueillies au temps 1. Les mesures du soutien social par le donneur de soins et par le travailleur social ont été recueillies au temps 1. La corroboration ou la non-corroboration de l’enquête au temps 2 a servi à mesurer la sécurité des enfants. L’internalisation et l’externalisation des problèmes de comportement évaluées à l’aide de la liste de contrôle du comportement des enfants (Child Behavior Checklist) au temps 2 ont servi à mesurer le bien-être des enfants. La durée du placement de l’enfant pendant une période prolongée (plus de 5 % du temps) entre les temps 1 et 3 a permis de mesurer la permanence.
Les résultats de cette étude ont révélé que les différents indicateurs de soutien social ont eu un impact différentiel sur les résultats en matière de protection de l’enfance. Les travailleurs sociaux étaient plus susceptibles de déclarer de faibles niveaux de soutien social concernant les donneurs de soins dont les enquêtes étaient ultérieurement corroborées. Lorsque les travailleurs sociaux déclaraient que le donneur de soins recevait un soutien social inadéquat, les enfants étaient presque deux fois plus susceptibles de connaître un placement que ceux dont le donneur de soins recevait un soutien social jugé adéquat par les travailleurs sociaux. En outre, les chercheurs ont découvert un lien entre le nombre accru de personnes disponibles pour offrir du soutien et le nombre inférieur de problèmes de comportement internalisés et externalisés. Les chercheurs ont trouvé un lien positif uniquement entre la satisfaction des donneurs de soins et la permanence des enfants. Comme dans les recherches précédentes, le soutien social en général a été associé à des résultats positifs chez les enfants.
Cette étude fournit des preuves empiriques indiquant que tant le soutien formel que le soutien informel sont une ressource importante pour les familles prises en charge par le système de protection de l’enfance. Les résultats de cette étude ont également montré une association systématique entre les symptômes dépressifs des donneurs de soins et les trois types de résultats des enfants : les niveaux plus élevés de symptômes dépressifs chez les donneurs de soins étaient liés à une moindre sécurité, à une moindre permanence ainsi qu’à plus de problèmes de comportement. Même si la dépression des donneurs de soins n’était pas l’objectif principal de l’étude, elle mérite certainement qu’on y accorde de l’attention dans de futures recherches afin de déterminer si elle pourrait interagir ou médier la relation entre le soutien social et les résultats des enfants.