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Le rôle protecteur de l’adulte dans la prévention de la toxicomanie et de la délinquance, nécessaire ou pas?

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Résumé

Une foule de recherches ont porté sur les répercussions négatives des violences dans l’enfance qui peuvent avoir un impact défavorable sur le développement d’un enfant, et les conséquences comportementales telles que la toxicomanie et la délinquance. Cette étude avait pour objet d’examiner si la protection de la part d’adultes fiables, comme les parents ou d’autres figures parentales, influait sur la relation entre la violence dans l’enfance et la délinquance et la toxicomanie chez les jeunes encadrés par des mesures de bien-être.

Les données recueillies dans la vague I du sondage national sur le bien-être des enfants et des adolescents (National Survey of Child and Adolescent Well-Being [NSCAW II]) ont été utilisées pour cette étude. L’étude a porté sur 5 873 personnes âgées d’au plus 18 ans qui avaient fait l’objet d’une enquête en matière de maltraitance des enfants de la part d’organismes de protection de l’enfance aux États-Unis. Les auteurs ont utilisé des données sur 1 054 jeunes âgés de 11 à 17 ans, de même que sur leurs aidants et sur des agents de traitement des cas NSCAW II. Les variables suivantes ont été mesurées: 1) violence dans l’enfance : score ACE (Adverse Childhood Experiences) de l’étude NSCAW II; 2) relations protectrices de la part d’adultes : échelle de résilience des études longitudinales de la violence et de la négligence envers les enfants (LongSCAN); 3) toxicomanie : sondage sur les comportements à risque chez les jeunes (Youth Risk Behaviour Surveys); 4) délinquance : étude sur les jeunes de Denver (Denver Youth Survey).

L’étude a appuyé des recherches antérieures selon lesquelles des enfants et des jeunes qui ont subi des violences présentaient un risque plus élevé de toxicomanie et de délinquance que les autres. Si les auteurs ont constaté, qu’en soi, les relations de protection nouées avec des adultes fiables n’ont pas influé sur la toxicomanie chez les jeunes, ils ont constaté aussi que les relations protectrices diminuaient la relation entre la violence dans l’enfance et la toxicomanie, de sorte que les incidences négatives de cette violence sur la toxicomanie sont significativement plus marquées chez les jeunes qui ont déclaré avoir noué moins de relations protectrices fiables que les autres. Et si les relations de protection établies avec des adultes étaient également associées à une probabilité réduite de délinquance, elles n’ont pas atténué la relation entre la violence dans l’enfance et la délinquance. Autrement dit, chez les jeunes encadrés par des mesures de bien-être, les relations protectrices seraient un facteur de prévention contre la toxicomanie, mais pas contre la délinquance chez les jeunes encadrés par des mesures de bien-être.

Notes méthodologiques

Les auteurs ont noté que d’autres variables aléatoires, comme la génétique ou le milieu familial, pourraient expliquer les résultats de l’étude. Nombre d’études concluent que la toxicomanie est héréditaire par l’établissement d’un lien avec la génétique. L’échantillon de l’étude comprenait principalement des jeunes Blancs/non hispaniques (43 %) et des jeunes Noirs/non hispaniques (20 %). La minorité des jeunes des autres catégories ont été classés sous « autres ». Ainsi, les résultats de l’étude ne peuvent pas être appliqués de manière générale à tous les jeunes, en particulier ceux dont l’origine ethnique n’est pas considérée comme Blancs/non hispaniques. Ajoutons que la cohérence interne de la variable modératrice (soit les relations protectrices d’adultes; coefficient alpha de Cronbach = 0,59) dans cette étude est inférieure à ce qui est généralement jugé acceptable, ce qui peut également compromettre l’application générale des résultats au-delà de l’étude elle-même.