Les chercheurs ont déterminé que la pauvreté familiale et celle observée dans les quartiers étaient un facteur de risque de maltraitance envers les enfants. La présente étude porte sur la relation entre l’exposition à long terme à la pauvreté et les antécédents cumulatifs de maltraitance chez les enfants (de la naissance à 15 ans) dans une grande région métropolitaine du Midwest des États-Unis.
Les auteurs ont constitué deux échantillons pour examiner l’effet de la participation aux programmes liés à la pauvreté pendant des années (c.-à-d., Aid to Families with Dependent Children [Aide à la famille avec enfants à charge], Temporary Assistance for Needy Families [Aide temporaire pour familles nécessiteuses], ou Medicaid) sur le nombre de signalements pour maltraitance. Le premier échantillon comprenait des enfants ayant fait l’objet de signalements pour violence ou négligence auprès des services de protection de l’enfance du Missouri en 1993 et 1994 (échantillon CAN). Cet échantillon comptait 3343 familles réparties dans 250 quartiers (c.-à-d., secteurs de recensement). L’autre échantillon comprenait des enfants ayant un dossier dans les registres du programme Aid to Families with Dependent Children (AFDC) sans signalement pour maltraitance connu avant la période d’échantillonnage (1993-1994). Cet échantillon comptait 2805 familles réparties dans 223 secteurs. Les enfants des deux échantillons sont nés entre 1989 et 1994 et ont été suivis de la naissance à l’âge de 15 ans à partir de différents dossiers gouvernementaux et ensembles de données.
En raison de la répartition en forme de U inversé dans les deux échantillons de l’étude, les auteurs ont inclus un terme quadratique dans leur modèle binomial négatif à plusieurs niveaux. La durée de la participation aux programmes liés à la pauvreté (mesurée en années) pour les familles a été inscrite comme variable explicative de niveau 1 avec un terme quadratique. La race de l’enfant (blanc c. non blanc) a également été incluse en tant que variable explicative de niveau 1 dans l’analyse à plusieurs niveaux. Le pourcentage d’enfants sous le seuil fédéral de pauvreté dans les quartiers (secteurs) selon les données du recensement de 1990 a été utilisé comme variable explicative de niveau 2 pour l’analyse. Les auteurs ont appliqué un modèle binomial négatif à plusieurs niveaux (c.-à-d. un modèle à valeur aléatoire) séparément pour chaque échantillon et ont tenu compte de la santé mentale des enfants, de l’éducation spécialisée des enfants, de la santé mentale et de l’abus d’alcool et d’autres drogues des parents, des antécédents criminels des parents, des antécédents de la mère et des enfants en matière de placement en famille d’accueil et du sexe des enfants.
Les résultats des analyses des deux échantillons ont montré que les familles ayant participé à des programmes liés à la pauvreté pendant plus longtemps faisaient l’objet d’un plus grand nombre de signalements pour maltraitance. La pauvreté des quartiers n’était pas corrélée avec le nombre de signalements pour mauvais traitements infligés aux enfants dans l’un ou l’autre des échantillons. L’effet de la race des enfants était significatif dans les deux analyses. Le nombre de signalements pour maltraitance envers les enfants non blancs est inférieur de 30 % à celui des signalements concernant les enfants blancs dans l’échantillon de l’AFDC et inférieur de 15 % dans celui du CAN. Ce constat suggère que les familles blanches à faible revenu sont plus à risque de signalements pour mauvais traitements infligés aux enfants que les familles non blanches. En outre, les coefficients de pente positifs (γ10= 0,204 pour l’échantillon AFDC et y10 = 0,116 pour l’échantillon du CAN) pour la variable explicative de niveau 1 — durée de la participation de la famille aux programmes liés à la pauvreté — et ses coefficients négatifs pour les termes quadratiques (γ20 = -0,021 pour l’échantillon AFDC et γ20 = -0,014 pour l’échantillon du CAN) dans les deux échantillons indiquent qu’avec chaque année supplémentaire de participation aux programmes, l’association positive entre la durée de la participation aux programmes liés à la pauvreté et le nombre de signalements pour maltraitance diminue de manière significative au fil du temps.
L’utilisation de modèles binomiaux négatifs à plusieurs niveaux pour examiner les données imbriquées avec deux échantillons séparés suivis pendant 15 ans est un pilier solide de cette étude. Les auteurs soulignent que la population non blanche de cette étude était composée de plus de 98 % de familles noires. Par conséquent, l’effet de la race de l’enfant faisait office de calcul approximatif pour les comparaisons entre les familles noires et blanches. En outre, les auteurs n’ont pas interprété les coefficients γ10 et γ20 pris ensemble comme l’évaluateur l’a fait plus haut, et n’en ont pas discuté non plus. Les discussions et les explications possibles concernant les effets décroissants de la durée de la participation au programme de lutte contre la pauvreté seront très utiles pour éclairer les futures études et l’élaboration des politiques. Cela dit, l’évaluateur doit souligner le fait que l’interprétation et la discussion dans cette étude étaient intéressantes et très informatives sur le plan théorique et analytique. La question de l’interprétation que l’examinateur a soulevée dans cette revue est plus une question de style méthodologique que de désaccord.