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Une étude longitudinale sur les fratries suggère que le placement traditionnel à long terme en famille d’accueil n’améliore pas les chances d’épanouissement des enfants

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Revu par
Rachel Gouin
Citation

Brännström Lars, Vinnerljung Bo, & Hjern Anders. (2020). Outcomes in Adulthood After Long-Term Foster Care: A Sibling Approach. Child Maltreatment,25(4), 383–392. DOI: 10.1177/1077559519898755

Résumé

Les chercheurs ont constitué une cohorte nationale suédoise pour mener une étude longitudinale sur les fratries afin de déterminer si le placement à long terme en famille d’accueil était bénéfique. L’étude porte sur les enfants ainsi placés pendant au moins cinq ans avant l’âge de 13 ans et les compare aux fratries qui sont restées sous la garde de leur mère biologique.

Les chercheurs se sont appuyés sur des données de registres nationaux de haute qualité pour la population suédoise et ont relié les bases de données suivantes à l’aide du numéro d’identification unique de la personne : le registre de la protection de l’enfance, le Conseil national suédois de la santé et de la protection sociale, Statistique Suède et le Conseil de prévention du crime. Ont été incluses dans l’étude les personnes nées entre 1973 et 1982, en vie et résidant en Suède à l’âge de 15 ans, placées en famille d’accueil pendant au moins 5 ans avant l’âge de 13 ans et ayant un frère ou une sœur qui avait grandi sous la garde de sa mère biologique. Au total, 533 personnes placées à long terme en famille d’accueil et 616 frères et sœurs ou demi-frères et demi-sœurs ont été inclus dans l’étude.

Les chercheurs ont effectué une analyse de régression multiniveau comportant 16 variables de résultats, dont l’éducation, le revenu, la criminalité, la santé physique et mentale et la mortalité. L’étude a révélé que les enfants placés en famille d’accueil à long terme avaient des résultats similaires, sauf pour quatre variables de résultats, où ils avaient des résultats significativement moins bons. Les personnes ayant fait l’objet d’un placement familial de longue durée étaient plus susceptibles d’avoir été condamnées pour un crime (48,2 % contre 31,7 %) et d’être exclues du marché du travail (15,5 % recevaient une pension d’invalidité contre 8,7 %). En outre, elles étaient plus susceptibles d’avoir un taux de mortalité plus élevé (4 fois le taux de leurs frères et sœurs), et plus susceptibles de s’être suicidées ou d’avoir tenté de le faire (11,4 % contre 5,4 %), que leurs frères et sœurs qui étaient restés avec leur mère biologique.

Les personnes qui travaillent avec des enfants ayant été placés doivent être conscientes des taux plus élevés de comportement suicidaire chez cette population. Bien que cette constatation soit importante, il est possible que les frères et sœurs qui sont restés à la maison et ceux qui ont été placés aient eu des profils et des caractéristiques individuelles différents depuis la naissance, ce qui peut invalider les résultats.

Dans l’ensemble, le placement familial à long terme ne semble pas améliorer les chances d’épanouissement des enfants qui ont été victimes de mauvais traitements.

Notes méthodologiques

Les études longitudinales comparant des fratries sont rares et l’utilisation de données de haute qualité provenant de registres nationaux rend cette étude particulièrement solide. Sa principale limite est le manque de données historiques sur les enfants et leur famille qui ne seraient pas détectés dans les registres.