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Développement du vocabulaire des enfants placés en famille d'accueil et des enfants qui sont restés avec leurs parents biologiques après avoir été impliqués dans les services de protection de l'enfance

Année de publication
Revu par
Marianna Healey
Citation

Zajac, L., Lee Raby, K., & Dozier, M. (2018). Receptive vocabulary development of children placed in foster care and children who remained with birth parents after involvement with child protective services. Child Maltreatment, 1-6.

Résumé

Afin d’étudier l’influence qu’ont les familles d’accueil sur les capacités langagières des enfants, les chercheurs ont comparé les scores obtenus au Peabody Picture Vocabulary Test-Third Edition (PPVT) par des enfants dont les tuteurs avaient suivi le programme Attachment and Biobehavioral Catch-up (ABC), notamment des enfants ayant participé à l’étude ABC-T (présentée par Lee Raby et coll., 2018). Ces enfants vivaient en famille d’accueil (n = 176) ou étaient restés avec leurs parents biologiques après une intervention du système de protection de l’enfance (n = 144). Un suivi a été effectué au moins jusqu’à leurs 48 mois. Les deux groupes (familles d’accueil et parents biologiques) comportaient des enfants ayant subi l’intervention ABC ainsi que d’autres ayant subi une intervention témoin (formation sur le développement pour les familles). Aucune différence n’a été observée entre les enfants en famille d’accueil et ceux qui étaient restés dans leur famille biologique après l’intervention. En d’autres mots, on comptait à peu près autant d’enfants restés en famille d’accueil après l’intervention ABC que d’enfants retournés dans leur famille biologique, après l’intervention, et les résultats étaient sensiblement les mêmes pour l’intervention témoin. Il n’y avait aucune autre différence notable de caractéristiques entre les enfants restés en famille d’accueil et ceux revenus auprès de leurs parents biologiques.

Les auteurs ont émis l’hypothèse que les familles d’accueil offriraient un environnement plus riche en ressources que les familles biologiques, et que ces différences auraient un effet sur les compétences lexicales des enfants. Ils ont donc analysé les données à l’aide d’une série de corrélations, de tests t pour échantillons indépendants, et d’analyses de régression. Les analyses préliminaires ont montré qu’il existait une corrélation positive entre la scolarité et le revenu des tuteurs ainsi que les résultats au PPVT à 36 et à 48 mois. Les tests t ont permis de déterminer que les enfants vivant avec des tuteurs mariés avaient également obtenu un meilleur score au PPVT. Ils ont également permis de démontrer que les enfants en famille d’accueil avaient une meilleure compréhension du vocabulaire que ceux restés avec leurs parents biologiques, tant à 36 qu’à 48 mois.

Initialement, dans le cadre de l’analyse de régression, les auteurs ont intentionnellement ignoré les variables démographiques (revenu, scolarité, état matrimonial, etc.) associées aux tuteurs, puisqu’ils s’attendaient à des différences systématiques entre les familles d’accueil et biologiques; tenir compte de ces variables aurait probablement éliminé toute variance significative entre les groupes. Comme prévu, les enfants dont les tuteurs avaient un revenu et un niveau de scolarité plus élevés et qui étaient mariés présentaient de meilleures compétences langagières que leurs pairs. Le modèle général a prédit correctement les scores au PPVT à 36 et à 48 mois. Toutefois, pris individuellement, aucun des facteurs (scolarité, revenu et état matrimonial) à lui seul n’était prédictif des scores. À la lumière de ces résultats, les auteurs recommandent d’offrir des ressources économiques aux parents biologiques dont les enfants sont pris en charge par le système de protection de l’enfance ainsi qu’à leurs parents d’accueil pour atténuer certains des désavantages associés aux familles à faible revenu et au niveau de scolarité peu élevé.

Notes méthodologiques

Cette étude n’a pas pu évaluer les compétences langagières des enfants avant leur prise en charge par le système; il n’a donc pas été possible de déterminer si elles étaient différentes à ce moment, ni si les familles d’accueil les ont influencées. De plus, les chercheurs n’avaient pas accès aux dossiers montés par le système de protection de l’enfance, et ne pouvaient donc pas étudier les effets des différents types de maltraitance sur le développement du langage. L’étude souligne que les ressources économiques améliorent les compétences langagières des enfants ayant subi de mauvais traitements; toutefois, en raison des limites mentionnées ci-dessus, les résultats devraient être interprétés avec prudence, puisqu’il est possible que d’autres facteurs influençant les capacités langagières des jeunes enfants n’aient pas été pris en compte.