Au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont affirmé que l'information obtenue en faisant appel à la mémoire à l’aide de processus de rappel libreétait plus exacte que celle obtenue à l'aide de processus de récognition comme les questions directives, celles qui proposent des choix et celles qui sont suggestives. Le protocole d'entrevue structurée du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) (Orbach et coll., 2000) insiste sur les invitations au rappel libre et fournit aux enfants des opportunités accrues de s'exercer à répondre à des questions ouvertes au début de l'entrevue avant de passer à la partie où l’on approfondit le sujet de la violence. Plusieurs études menées dans des conditions contrôlées ont démontré que les entrevues d'enquête conduites auprès de victimes de violences sexuelles présumées en suivant le protocole du NICHD étaient de meilleure qualité que les autres (voir le compte rendu de Lamb, Orbach, Hershkowitz, Eslpin & Horowitz, 2007).
Deux études récentes ont été entreprises pour évaluer plus en profondeur l'efficacité du protocole du NICHD. Une étude britannique effectuée par Lamb, Sternberg, Aldridge, Pearson, Stewart et coll. (2009) compare le protocole du NICHD avec le Mémorandum de bonnes pratiques (protocole standard) largement reconnu et utilisé actuellement en Grande-Bretagne. L'objectif de l'étude était de déterminer si le recours à ce protocole augmenterait la quantité d'information de qualité obtenue pendant les entrevues auprès d’enfants présumés victimes de violences sexuelles. Une étude effectuée au Québec en 2009 par Cyr & Lamb vise à fournir des données probantes sur l'applicabilité du protocole du NICHD aux enfants d'expression française et à répliquer les résultats lorsque les interviewers ne sont pas formés ni supervisés par les concepteurs du protocole.
Les deux études ont utilisé un groupe d'entrevues basées sur le protocole du NICHD comparées soit à un groupe d'entrevues non basées sur le protocole (étude québécoise), soit aux entrevues basées sur le protocole standard (étude britannique). Dans l'étude québécoise, les chercheurs ont comparé 83 entrevues basées sur le protocole du NICHD menées par des agents de police et des travailleurs sociaux avec le même nombre d'entrevues non basées sur le protocole effectuées auprès d'enfants âgés de 3 à 13 ans orientés vers la police ou les services de protection de l'enfance à la suite d'une allégation de violence sexuelle. Dans l'étude britannique, 50 entrevues basées sur le protocole du NICHD menées par les agents de police ont été comparées avec un échantillon de 50 entrevues basées sur le protocole menées auprès d'enfants âgés de 4 à 13 ans victimes présumées de violences sexuelles.
Les deux études révèlent qu'avec le protocole du NICHD, en comparaison avec les entrevues standards, le nombre d'énoncés importants de la part de l’interviewer est considérablement moindre, les invitations ouvertes sont environ trois fois supérieures, les questions directives deux fois moindres, les questions risquées incitant à la reconnaissance deux fois moindres (questions incitatives à option et suggestives) et le nombre de questions incitatives au rappel est plus important. Dans les deux études, le protocole du NICHD a permis d'obtenir de l'information plus détaillée de la part des enfants : environ quatre fois plus de détails grâce à des invitations et environ la moitié grâce à des questions directives.
Les résultats des deux études réaffirment de façon convaincante l'utilité du protocole du NICHD pour interroger les jeunes victimes présumées de violences sexuelles. L’étude britannique conclut que ce protocole facilite les procédures d'entrevues correspondant aux meilleures pratiques qui mènent à une information de meilleure qualité de la part des victimes présumées que celle obtenue en utilisant le très encensé mémorandum de bonne pratique comme protocole standard. Les auteurs soutiennent que cela peut-être dû à la spécificité supérieure du protocole du NICHD, à son aspect concret, à son insistance sur la supervision et la rétroaction continue et à la partie de l'entrevue préalable aux questions de fond et qui permet aux enfants de s'exercer à répondre aux questions ouvertes. Cependant les auteurs des deux études affirment l’importance d'une formation directe et extensive et d'une rétroaction continue et immédiate pour les interviewers qui utilisent le protocole du NICHD.
The two studies were based on a design that matched interviews prior to and after training in the NICHD protocol based on the children’s age, the child-perpetrator relationship, and the type and frequency of abuse. The final sample size was 100 interviews in the British study (n=50 prior; n=50 post; age 4-13) and 166 interviews in the Québec study (n=83 prior; n=83 post; age 3-13).
In the British study, the interviewers were police officers who had less than a year of experience in conducting investigative interviews. In contrast, the Québec study involved police officers and social workers with over 3 years of experience. Both studies had a portion of the interviews coded by two raters, with excellent intra-class coefficient for inter-rater agreement on the classification of utterances (British study: 0.96; Québec study: 0.99).
Limitations of the studies include the short time span between the training and the interviews, the exclusion of interviews that did not follow the NICHD protocol, and the lack of specificity regarding the blindness of the raters in the Québec study.
The Canadian study is considered noteworthy in that it is the first to include interviewers who were not trained and supervised by the developers of the NICHD protocol tool; therefore the authors assert its applicability in other parts of Québec and in other French-speaking countries. Authors of the British study contend that while previous studies demonstrate the value of the NICHD protocol, this study is the strongest test of the NICHD protocol’s ability to improve upon a universally recognized protocol in widespread use at the time.