La présente étude qualitative porte sur les perceptions des intervenants en protection de l’enfance qui travaillent avec des familles très conflictuelles. Les chercheurs ont constitué quatre groupes de discussion composés de 28 intervenants travaillant dans un organisme de protection de l’enfance en milieu urbain en Ontario. L’analyse des théories ancrées dans des données empiriques révèle plusieurs thèmes liés aux perceptions des intervenants concernant les familles très conflictuelles et la façon de travailler avec elles dans le cadre du système de protection d’enfance. Les participants ont exprimé différentes opinions concernant la définition de « très conflictuelle » et le lien entre ce degré élevé de conflit et les autres problèmes de protection de l’enfance. Les caractéristiques communes des familles très conflictuelles comprennent la présence de démarches auprès du système de protection de l’enfance afin d’obtenir du soutien, un état de crise perpétuel, une absence de communication entre les parents et de la violence conjugale. Les participants ont indiqué que le rôle de la protection de l’enfance auprès des familles très conflictuelles n’était pas clair et ont mentionné se sentir frustrés lorsqu’ils travaillaient avec des professionnels extérieurs à la protection de l’enfance. Le fait de travailler avec des familles très conflictuelles a des répercussions émotionnelles importantes pour les participants. Le sentiment d’être pris entre deux feux et la vive inquiétude ressentie sont des facteurs qui ont des répercussions négatives sur la capacité de l’intervenant d’appuyer les familles. Les intervenants ont déclaré qu’à cause de leurs besoins excessifs, les familles très conflictuelles leur prenaient du temps qui aurait pu être consacré aux autres cas de maltraitance envers les enfants. Les participants ont suggéré que la formation, les équipes spécialisées et la collaboration avec les systèmes extérieurs à la protection de l’enfance pourraient être des domaines potentiels de développement.